L’Europe “regrette” les nouvelles taxes américaines et attend Biden
Bruxelles a dit “regretter” l’entrée en vigueur mardi de nouvelles taxes américaines sur certains produits européens dans le cadre du vieux litige entre Boeing et Airbus, qu’elle espère solder avec l’arrivée prochaine du président Joe Biden.
“Nous regrettons que les États-Unis aient choisi d’ajouter d’autres produits de l’UE à leur liste de représailles”, a affirmé mardi une porte-parole de la Commission européenne. L’exécutif européen se dit “impatient” de s’engager “de manière constructive avec la nouvelle administration américaine pour résoudre ce différend de longue date dans le cadre d’un programme transatlantique renouvelé”, a-t-elle insisté.
Cette administration “aura les mains libres pour négocier”, ont renchéri les producteurs de cognac par la voix du directeur général de leur interprofession (BNIC), Raphaël Delpech. “Nous espérons que le gouvernement français, l’Union européenne trouveront les moyens d’engager une discussion extrêmement rapide avec cette nouvelle administration pour d’une manière ou d’une autre arriver au moins à sortir nos produits de ce mauvais pas et suspendre les droits actuellement appliqués”, a déclaré à l’AFP Nicolas Ozanam, directeur général de la fédération des exportateurs de vins et spiritueux en France (FEVS).
“Les sujets ne seront pas réglés le 21 janvier du fait de l’arrivée de M. Biden”, a toutefois averti M. Ozanam, soulignant l’urgence de la situation, les entreprises perdant de la trésorerie et risquant de perdre des parts du premier marché mondial, avec “potentiellement plus d’un milliard d’euros de pertes pour le secteur”.
“Nous exhortons vivement les États-Unis, l’UE et le Royaume-Uni à retourner à la table des négociations sans délai et à parvenir à un accord pour suspendre immédiatement ces taxes”, a déclaré une coalition de 21 organisations commerciales américaines, britanniques et européennes du secteur des vins et spiritueux. L’application des nouvelles taxes est “contreproductive” et “ne contribue pas à créer un climat de confiance pour trouver une solution négociée”, a estimé pour sa part Airbus, qui fait “confiance” à l’Europe pour défendre ses intérêts.
Washington avait annoncé en fin d’année des droits de douanes supplémentaires à partir du 12 janvier , visant des produits français et allemands: +25% sur les vins non pétillants, moûts de raisin et cognacs, et +15% sur les pièces de fuselage, d’empennage et autres pièces aéronautiques.
Ces taxes entrent en vigueur à quelques jours de la fin du mandat de Donald Trump , pendant lequel les relations commerciales des États-Unis avec l’UE se sont profondément détériorées. Elles s’ajoutent à celles déjà imposées depuis 2019 sur des importations européennes comme le vin, le fromage, l’huile d’olive ou le whisky, ainsi que sur les avions d’Airbus. Washington avait été autorisé à les appliquer par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans une décision miroir en octobre 2020, l’institution avait également autorisé l’UE à mettre en place des tarifs sur des produits importés des États-Unis.
Airbus et son concurrent américain Boeing, et à travers eux l’Union européenne et les États-Unis, s’affrontent depuis octobre 2004 devant l’OMC sur les aides publiques versées aux deux groupes, jugées illégales, dans le conflit commercial le plus long et le plus compliqué traité par le juge de paix des échanges mondiaux.
Les États-Unis ont été autorisés à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d’euros) de biens et services européens importés chaque année, la sanction la plus lourde jamais imposée par l’OMC. En représailles, l’UE impose depuis début novembre des droits de douane sur 4 milliards de dollars d’exportations américaines.
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Taxes américaines : la filière vins et spiritueux désespère d’obtenir une “réparation” de son préjudice
La filière française des vins et spiritueux a fait part de sa “déception” à l’issue d’une réunion mercredi à Bercy, faute d’avoir obtenu une “réponse concrète” à ses demandes de compensation des ventes perdues à cause des taxes américaines.
Depuis le 12 janvier, l’administration américaine taxe à hauteur de 25% les vins et cognacs français , dans le cadre de son différend avec l’UE sur les aides publiques à Airbus et Boeing. Le champagne est épargné. Une première salve de taxes, annoncée à l’automne 2019, visait aussi les vins français, mais dans une moindre mesure.
Après un manque à gagner de 400 millions d’euros en 2020, la filière estime que sa perte de chiffre d’affaires pourrait dépasser le milliard d’euros en 2021 et ne cesse de réclamer à l’État de “réparer le préjudice” découlant d’un conflit dont elle estime être un “dommage collatéral”.
Lors d’une réunion le 7 janvier, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’était dit, selon Bercy, “favorable et ouvert à des compensations et à des mesures d’aides”. Une nouvelle réunion, organisée mercredi en présence des ministres Bruno Le Maire, Julien Denormandie (Agriculture), Franck Riester (Commerce), “n’a même pas accouché d’une souris”, a déclaré à l’AFP César Giron, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS).
“Je suis aussi consterné, c’est une grande déception parce qu’il n’y a aucune mesure concrète”, a poursuivi Jérôme Despey, président du conseil spécialisé Vin de FranceAgriMer. “On nous dit qu’il y a des prêts, que le secteur viticole pourra en bénéficier” ou encore que les subventions du stockage privé des excédents liés à la pandémie de Covid-19 pourront être relevées de 10 millions d’euros, portant l’enveloppe à 50 millions d’euros, a-t-il détaillé.
Mais pour eux, les mesures prises par l’État pour soutenir les entreprises face à la crise sanitaire ne sont “pas pertinentes” pour atténuer l’impact des taxes américaines.
Le gouvernement souhaiterait aussi que l’Union européenne mette la main au portefeuille. Bercy jugeait la semaine dernière “inacceptable” que Bruxelles ne prévoie rien pour les secteurs touchés par ricochet dans ce bras de fer commercial.
Lors de ses vœux à la presse mardi, Julien Denormandie avait indiqué que l’exécutif devait finaliser “dans les tout prochains jours” des mesures d'“aides additionnelles” pour la filière.
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