La neutralité carbone dans l’industrie du jeu. L’exemple de Mattel

La neutralité carbone dans l’industrie du jeu. L’exemple de Mattel

Le géant américain du jeu et du jouet Mattel se lance dans la neutralité carbone. Ou quand l’écologie s’empare de l’industrie du jeu et du jouet. Neutralité carbone Lundi 4 avril, le GIEC sortait le troisième volet de son nouveau rapport sur les changements climatiques. C’est une annonce qui ne vous a certainement pas échappé. Ou si, justement. Entre élections présidentielles, pandémie et surtout invasion de l’Ukraine, c’est comme si on ne s’intéressait plus trop à la santé de notre planète. Et pourtant, « E pur si muove ! », elle continue de bouger. Et pourtant, elle continue de chauffer. La neutralité carbone pourrait être un remède. Pourrait. La neutralité carbone tente d’allier production et réduction des émissions de gaz à effet de serre. On produit, on sort un jeu, mais on fait tout pour éviter que les rejets liés à la fabrication soient supérieurs à l’état d’équilibre à atteindre. Pour faire simple, la différence entre les gaz émis et extraits étant alors égale à zéro. Dans le cadre de la lutte contre les changements climatique, atteindre la neutralité carbone au niveau mondial avant la fin du siècle est présenté par de nombreuses institutions, dont le GIEC, comme une nécessité pour limiter la hausse des températures à 2 °C, voire 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Un des objectifs majeurs de l’accord de Paris de 2015, réitéré à la COP26 à Glasgow en novembre 2021. Bien sous tous rapports Ce 4 avril, donc, le 3e volet du rapport du GIEC vient d’être publié. Certains dirigeants politiques et chefs d’entreprise disent une chose, mais en font une autre, En d’autres termes, ils mentent et l’issue sera… catastrophique. Il y a urgence climatique. Les pays et les entreprises les plus polluants ne se contentent pas de fermer les yeux. Ils ajoutent de l’huile sur le feu. Ils étouffent notre planète au service de leurs intérêts particuliers et de leurs investissements historique dans les combustibles fossiles, alors que des solutions renouvelables moins coûteuses offrent des emplois vers une sécurité énergétique et une plus grande stabilité des prix. Nous avons quitté la COP 26 à Glasgow en novembre 2021 en arborant un optimisme naïf fondée sur des nouvelles promesses et de nouveaux engagements. Mais le problème principal, à savoir l’écart énorme et croissant entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, a été pratiquement ignoré. Pour commencer, revenons aux bases. Parlons du GIEC. Et de sa mission. Le GIEC, c’est l’acronyme du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il a été créé en 1988 par deux institutions onusiennes. Son but ? Produire des rapports qui sont rédigés par des scientifiques du monde entier pour évaluer et synthétiser l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique. Ces rapports servent ensuite de base aux décideurs politiques et aux négociations climatiques. Pour l’instant, le GIEC a produit cinq rapports. Nous sommes aujourd’hui en train de parler du 6e rapport d’évaluation. À chaque fois, ils sont divisés en 3 volets. Il faut aussi noter que le GIEC est une organisation assez unique, puisqu’elle mêle scientifiques et politiques. Le résumé, à l’intention des décideurs, est approuvé mot par mot par les représentants des États, en collaboration avec les scientifiques. Le but fondamental du GIEC et de ses rapports ? Que les gouvernements endossent les conclusions du jeu et ne puissent pas se défausser. Chaud patate Lundi 4 avril, donc, le GIEC a publié son 3e et dernier volet de son 6e rapport. Il est consacré aux solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le rapport affirme que pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5° ou 2° degrés, qui sont les deux objectifs de l’accord de Paris de septembre 2015, il faut que les émissions mondiales de gaz à effet de serre atteignent leur maximum en 2025. Donc dans… 3 ans. Ensuite, l’idée serait de les réduire de 43% d’ici à 2030 par rapport à 2019 pour maintenir 1,5°. Ou de 27% pour maintenir à 2°. Pour réaliser ces objectifs, c’est forcément très ambitieux. Le GIEC explique qu’il faudra d’abord réduire de manière substantielle l’utilisation des combustibles fossiles. Aujourd’hui plus personne ne peut dire le contraire, ils sont la première source de réchauffement. Ce 3e volet nous dit que la consommation de charbon, de pétrole et de gaz devra diminuer respectivement de 95%, 60%, 45%. Le GIEC nous montre aussi que dans aucun scénario on peut parvenir à la neutralité carbone sans l’aide des technologies de captage et de stockage de CO2 ou d’autres technologies qui permettent d’extraire le CO2 de l’atmosphère comme en plantant des arbres par exemple. Ce rapport fait l’étalage des objectifs à appliquer dans tous les domaines, à des coûts raisonnables et qui existent déjà. Mais qu’il faut déployer bien davantage. Par exemple, dans les villes, les bâtiments doivent être rénovés de manière ambitieuse, et à un rythme accéléré. Il faut plus de transports en commun non motorisés, des villes électrifiée et avoir plus d’espaces verts ou de lacs pour absorber le carbone. Dans l’industrie, justement, c’est le sujet du jour, les solutions existent aussi. Appliquer des processus de production qui sont transformés par un recours accru à l’électricité, à l’hydrogène ou encore aux technologies de captage et stockage du CO2. Et aussi, utiliser plus efficacement les matériaux réutilisés. Mais également, recycler davantage et minimiser les déchets. Pour atteindre la neutralité carbone, de nombreux changements, efforts doivent être effectués. Comme ceux proposés par certains éditeurs de jeux de société et de jouets, dont Mattel. Jeux et écologie Sur Gus&Co;, nous vous parlons souvent d’écologie dans l’industrie du jeu de société. Autant les éditeurs s’y intéressent de plus en plus, autant la clientèle elle-même affirme son réel intérêt pour des jeux et de jouets écoconçus. Après Hasbro qui annonçait il y a quelques jours une volonté de tendre vers une production plus écologique, c’est à présent au tour de Mattel, l’autre géant du jeu et du jouet de se lancer dans la brèche écolo. Mattel a en effet annoncé il y a quelques jours vouloir lancer des produits durables. Son objectif ? Atteindre 100% de matières plastiques recyclées, recyclables ou à base de matériau biologique dans tous ses produits et emballages d’ici 2030. Mega Mattel va axer sa stratégie durable avec deux de ses licences, Mega et Matchbox. Mega, ça ne vous dit pas peut-être pas grand-chose. Il s’agit du leader mondial des jouets de construction préscolaire. Et notamment sa ligne de produits Mega Bloks Green Town, la première ligne de jouets disponible qui respecte les aspects de neutralité carbone. Chaque set de jeu est fabriqué à partir d’un minimum de 56% de matériau végétal et d’au moins 26% de plastiques bio-circulaires qui respectent la certification de carbone ISCC. Pour atteindre la neutralité carbone de ces produits, Mattel, via sa filiale Mega, a acheté des compensations carbone en investissant dans des projets de conservation de la forêt au Canada. Pour un total d’environ 500 tonnes d’équivalents de CO2. ???? À lire également : Acheter un jeu, planter un arbre. Greenwashing ou solution ? Les emballages de ces jouets sont produits avec 100% de bois durable labellisé FSC pour le papier et le carton. Mais ce n’est pas tout. Même les encres servi pour les diverses impressions sont à base de soja et des vernis à base d’eau pour améliorer leur recyclabilité. Chaque set est conçu pour aider à éduquer à des comportements durables à travers des modèles de lecture, tels que le tri des déchets, l’utilisation de transports électriques, la protection des abeilles et le choix des sources d’énergie renouvelables. Ça, c’était pour Mega. La licence Matchbox est également concernée par cette initiative de neutralité carbone poursuivie par Mattel. Matchbox En 2021, Matchbox a annoncé un changement de cap de production plus durable. Son but ? Tendre vers de la fabrication plus verte, plus recyclable, en tentant là-aussi de viser la neutralité carbone. Cette année, Matchbox introduit davantage de produits conçus pour avoir moins d’impact sur l’environnement et mieux refléter un monde… idéal. Matchbox, ça ne vous peut-être rien. Il s’agit d’une gamme de jouets de voitures. On repassera pour le côté écolo et la neutralité carbone. Oui, mais. Mattel, via sa licence Matchbox, veut là aussi tenter le grand écart, en proposant de nouvelles maquettes de véhicules électriques, pour éduquer nos chères têtes blondes. Ça commence par-là, non ? ???? À lire également : Les jeux et les jouets ont-ils un genre ? Matchbox annonce ainsi tout un assortiment de véhicules électriques des grandes marques. Ainsi qu’un nouveau camion de recyclage fabriqué à partir de 80% en plastique bio-circulaire certifié ISCC. Mais également, plus de produits conçus pour la recyclabilité, tels que l’incorporation de pièces électroniques issus de déchets électroniques à éliminer et recyclés ici, ainsi. Mattel, à la rescousse. Du greenwashing ? Bref. Mattel, l’un des plus grands fabricants de jeux et de jouets au monde, cherche vraiment à entamer sa transition vers une durabilité renforcée, enjouée. Emballages, matériaux de construction, impressions, modèles, même, Mattel veut s’efforcer à atteindre une certaine neutralité carbone d’ici 2030. N’empêche. On parle bien ici de consommation. Et comme dit l’adage, l’objet le plus écolo est celui qui n’existe pas. Remplacer « objet » par « voiture », « jeu » ou « jouet ». Cet article ne tombe pas de nulle part. Hier, c’était le Jour de la Terre. Il s’agit d’une importante célébration environnementale qui a lieu chaque 22 avril depuis 1970. Lors de cet événement, mondial, de nombreuses actions sont réalisées à travers le monde pour s’engager en faveur de la planète. C’est également pour cette date-là que certaines entreprises en profitent pour (se) mettre avant leur initiatives. Comme Mattel ici et leurs velléités en matière de neutralité carbone. Mais je vous voir venir. Est-ce du grain, ou de l’ivraie ? Ou autrement dit, green ou greenwashing ? Est-ce que leur engagement est légitime, responsable ? Rappelez-vous, il y a 6 ans, Asmodee avait également tenté et annoncé pareils engagements en RSE. Six ans plus tard, quel bilan en tirer ? Le greenwashing, vous connaissez. Il s’agit d’un procédé de marketing utilisé par une organisation pour se donner une image, trompeuse, de responsabilité écologique. La plupart du temps, les dépenses consenties concernent davantage la publicité que de réelles actions en faveur de l’environnement et du développement durable. On montre qu’on fournit des efforts, qu’on est « plus mieux bien ». Alors qu’en réalité, c’est du vent. Il est vraiment difficile de distinguer les engagements climatiques des entreprises. La plupart ne sont en effet pas toujours assez transparentes sur ce que les engagements climatiques impliquent. Comme ici avec Mattel, vous aussi vous avez peut-être vu passer récemment une entreprise se fixer comme objectif d’atteindre la neutralité carbone. Mais en vrai, qu’est-ce que ça veut dire ? Neutralité carbone et objectifs À première vue, un engagement de neutralité carbone signifie que l’entreprise n’émettra pas plus d’émissions de gaz à effet de serre, CO2 et méthane, qu’elle ne peut compenser ou éliminer de l’atmosphère. Mais il y a beaucoup plus à considérer au-delà des définitions. Cela ne vous aura pas échappé, entre Hasbro, Mattel et autres, depuis quelques mois, il y a eu une explosion d’engagements en neutralité carbone dans l’industrie, du jeu et partout ailleurs. Alors oui, on ne va pas se mentir. C’est une bonne chose. Mais quelle est la portée de ces engagements ? Et comment atteignent-ils leurs objectifs ? Atteindre la neutralité carbone est, par essence, un travail d’équilibriste. Les entreprises, comme Hasbro, comme Mattel ici, peuvent atteindre cet objectif en combinant l’empêchement de la pollution en premier lieu et en essayant d’éviter les effets de cette pollution sur le climat après son rejet. S’appuyer sur cette dernière option est risqué. C’est le moins qu’on puisse dire. Ainsi, dans tout engagement climatique fort, la plupart, sinon la totalité, des émissions de l’entreprise devraient être évitées en premier lieu. Si on veut suivre les considérations émises par le 3e volet du 6e rapport du GIEC comme présenté en début d’article, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de plus de 90 %…

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