Protection et sauvegarde du bassin du Congo : Un devoir international qui appelle une mobilisation et une action commune (plaidoyer de Bruno FUCHS et Michel Innocent PEYA)
Considéré comme le deuxième poumon vert de la planète après l’Amazonie, le Bassin du Congo est au cœur de toutes les attentions, tant sa protection et sa sauvegarde ont un intérêt vital pour la planète car en fait de « poumon », celui-ci demeure sain. Deux personnalités investies dans le combat écologique, en l’occurrence l’écrivain-chercheur congolais Michel Innocent PEYA et le député français Bruno FUCHS cosignent la tribune que nous publions ci-dessous. Leur constat sonne telle une mise en garde, mais aussi une alerte face aux enjeux climatiques et à la nécessité de plus en plus urgente, de protéger le Bassin du Congo, à travers les différents mécanismes y afférents.
« Le bassin du Congo est le bassin versant du fleuve Congo, en Afrique centrale il s’agit du deuxième plus grand bassin fluvial du monde, après celui de l’Amazone. Il couvre 4 millions de km² où vivent 93,2 millions d’habitants avec des densités très variables selon les zones. Les experts estiment que, si les tendances démographiques se poursuivent, la population devrait encore doubler dans le bassin de 2010 à 2035, entraînant une aggravation de la pression foncière sur la forêt, éventuellement exacerbée par le dérèglement climatique.
Contigu à celui du Nil, le bassin du Congo, comme le bassin amazonien, abrite une des forêts tropicales denses les plus riches du monde en biodiversité.
On y trouve environ 10 000 espèces de plantes tropicales, dont 30 % sont endémiques. Les espèces menacées, comme les éléphants de forêt, les chimpanzés, les bonobos et les gorilles de plaine et mais aussi, plus menacés encore, ceux des montagnes peuplent ces forêts luxuriantes.
Au total plus de 400 espèces de mammifères, 1 000 espèces d’oiseaux et 700 espèces de poissons ont trouvé refuge dans la zone.
Ce joyau écologique, a aussi la particularité de concentrer en son cœur des « tourbières ». En effet, depuis 2017, une équipe de chercheurs du Royaume-Uni et de la République du Congo a annoncé la découverte d’une immense tourbière d’une taille équivalente à un quart du territoire français métropolitain dans le bassin du Congo. En plus d’être le plus grand complexe de tourbières tropicales, elles contiennent 20 fois la quantité de carbone émise par la combustion de ressources fossiles par les États-Unis, deuxième émetteur au monde. Ainsi les tourbières qui ne représentent que 3 % du territoire, sont à l’origine d’une captation de carbone à hauteur de 30 % de la séquestration naturelle de carbone. De fait, évoquer les puits de carbone convoque davantage à l’esprit de l’opinion publique les forêts que les tourbières ou autres herbiers marins qui pourtant en stockent bien plus !
La tourbière est un élément naturel précieux, une ressource fossile, résultant d’un processus de décomposition de matières organiques étalé sur des milliers d’années… Or ce que la nature a mis si longtemps à créer l’homme peut le détruire en un rien de temps s’il en méconnait les bénéfices.
La quantité de carbone accumulée serait alors rejetée, et les conséquences sur le réchauffement climatique seraient alors dramatiques, voire irrémédiables.
Aujourd’hui plus que jamais, les chefs d’État de l’Afrique centrale ont compris à la fois l’importance du bassin du Congo mais aussi la dangerosité de la tourbière qu’il renferme, et se sont engagés en faveur de la protection de l’environnement et de la préservation de cet écrin de biodiversité. Ils ont ainsi mis en place plusieurs initiatives pour sensibiliser les citoyens à l’importance de l’environnement et pour encourager les activités économiques durables. Face à la poussée démographique, les chefs d’État africains ont compris le rôle fondamental de l’éducation de la population, la nécessité d’impliquer les populations aux programmes de conservation et celle de leur faire bénéficier des fruits économiques de cette conservation.
Face au besoin urgent de protéger le bassin du Congo, les Etats composants la sous-région ont décidé d’agir de concert. L’une des initiatives les plus importantes est le Fonds Bleu. Un fonds international de développement durable axé sur la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité dans le bassin du Congo.
Les éffets néfastes de la nature en furie, se ressentent avec autant de violence, telle une bombe ferait ses effets. À l’instar des autres parties du monde déjà soumis aux aléas climatiques dévastateurs, en 2022 l’Europe a connu des inondations qui ont fait de nombreuses victimes, puis un été meurtrier avec de nombreux feux de forêts, suivi d’un hiver rigoureux. Comme si tout cela ne suffisait pas, monde assiste impuissant aux effets du tremblement de terre en Turquie et en Syrie, avec outre les destructions matérielles qui se chiffrent à des dizaines de milliards de dollars, plus de 40000 victimes.
Le Fonds Bleu a mis en œuvre plusieurs projets de protection de l’environnement dans les régions côtières, notamment la restauration des écosystèmes côtiers, la protection des mangroves, la lutte contre la pollution marine et la mise en place de programmes de gestion durable des zones considérées. Ainsi les mangroves qui ne représentent 1 % du total des forêts tropicales à l’échelle mondiale, constituent, en réalité, des écosystèmes indispensables fournissant un large éventail de biens et services essentiels aux espèces, mais aussi à nos sociétés, allant de l’offre de nurseries aux populations juvéniles de poissons et crustacés, de la stabilisation de la côte, au stockage de carbone. Or, elles sont pourtant encore trop souvent sacrifiées au profit d’activités économiques à court terme.
La préservation de l’environnement est un défi majeur de notre époque. La protection de la nature est de plus en plus considérée à juste titre, comme une priorité pour les gouvernements et les citoyens du monde. Mais aujourd’hui, face à la menace qui pèse sur le bassin du Congo, les pays francophones d’Afrique centrale ne peuvent plus mener seuls cette bataille pour les générations futures.
Le monde francophone, fort de ses 88 États membres, comme l’Union Européenne ou l’ONU, doivent pouvoir jouer un rôle important dans ce défi majeur en se mobilisant autour de grands projets écologiques.
Comment, alors que le joyau écologique du monde francophone qu’est le bassin du Congo est en péril, les Organisations Internationales pourraient-elles rester spectatrices pour ne pas dire indifférentes ?
La protection de ces écosystèmes est cruciale pour la préservation de la biodiversité, la régulation du climat et la fourniture d’eau potable pour des millions de personnes. Cependant, l’objectif de protéger ces régions ne peut pas être poursuivi par un seul pays ou une seule organisation. Elle nécessite une collaboration internationale et une action coordonnée. C’est là que l´Organisation Internationale de la Francophonie et ses institutions, ou toutes autres organisations internationales pourront faire une différence significative.
Nous pourrions, dans le cadre de la Francophonie, tenter de rassembler les pays membres autour de cet objectif commun et mettre en œuvre des solutions communes et interétatiques innovantes pour sa protection. Nous devons mettre en commun nos retours d’expériences et nos connaissances pour mieux comprendre les défis auxquels nous sommes confrontés et trouver des solutions durables pour les surmonter.
On pourrait aussi imaginer à court ou moyen terme, que l’espace francophone puisse utiliser son rôle économique pour soutenir les initiatives en faveur de l’environnement. Les entreprises francophones ou africaines pourraient investir dans les technologies respectueuses de l’environnement et les solutions énergétiques durables pour aider à protéger le bassin du Congo.
La francophonie, prise en son volet économique, pourra également soutenir ces initiatives en encourageant les investissements écologiques et en mettant en place des politiques favorables ou innovantes comme des Solutions Fondées sur la Nature (SFN). Les SFN qui sont définies par l’UICN comme “les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité” représentent une alternative économiquement viable et durable. Souvent moins coûteuse à long terme que des investissements technologiques ou la construction et l’entretien d’infrastructures lourdes, elles apportent des réponses efficaces aux défis de société tels que la lutte contre les changements climatiques ou la gestion des risques naturels.
Enfin, la francophonie doit miser sur un levier de premier ordre : sa jeunesse. Car la francophonie est vivante et sa jeunesse est pleine d’espérance et d’envie d’agir pour préserver son futur. Charge alors, à nous, les intellectuels, les institutions, de pouvoir sensibiliser les citoyens aux enjeux écologiques sur l’ensemble du territoire que nous avons en partage et sur les menaces qui pèsent sur le bien commun que constitue, notamment, le bassin du Congo. Nous devons faire de la protection de l’environnement une des priorités des différentes organisations internationales.
Dans cette aire de défis, où les menaces climatiques sont de plus en plus fortes, la Francophonie et toutes les Organisations Internationales doivent pouvoir relever le défi environnemental en œuvrant pour une politique écologique commune et globale, avec des moyens financiers agiles pour accélérer la transition écologique, et protéger les écosystèmes d’équilibre majeur et leur biodiversité, véritable capital de l’humanité. »
**** Journaliste de formation, Bruno FUCHS est un homme politique français. Membre du Mouvement démocrate (MODEM), il est député dans la 6e circonscription du Haut-Rhin. Il siège au sein du groupe MoDem à l’Assemblée nationale.
Bruno FUCHS est également conseiller d’Alsace depuis 2021. Secrétaire générale de l’assemblée parlementaire de la francophonie, Bruno FUCHS qui plaide pour une francophonie du multilatéralisme, est fortement impliqué sur les questions écologiques.
Docteur en Sciences de Gestion, Michel Innocent PEYA est titulaire d’un PhD en Environnement et Développement durable et détenteur d’un diplôme d’Expert en Environnement et Développement durable.
Écrivain-chercheur engagé, il est l’auteur de plus d’une vingtaine de publications. Nombreux de ses ouvrages sont consacrés à la lutte mondiale contre le dérèglement ou le réchauffement climatique, qui constituent une menace susceptible de priver l’humanité d’un avenir radieux.
L’auteur, convaincu et séduit par le combat écologique du Président de la République du Congo, s’est investi pour relayer, voire expliquer, la quintessence, la portée, la valeur et les contours ainsi que les détails de la proposition relative à l’afforestation de Denis SASSOU N’GUESSO, écolo-combattant, pour juguler les multiples conséquences catastrophiques du réchauffement climatique.
Bruno FUCHS et Michel Innocent PEYA