« Agritech » : quand le numérique se met au service de la transition agroécologique, un lieu incontournable de Brazzaville à visiter pour admirer la serre automatique et intelligente
L’« Agritech », le secteur de l’innovation digitale spécialisée dans l’agriculture, se développe pour aider à répondre aux défis d’un secteur qui doit devenir plus durable et compétitif demain. Ce projet admirablement et intelligemment conçu par l’Agence Nationale de Valorisation des Résultats de la Recherche et de l’Innovation (ANVRI), une entité sous la tutelle du Ministère congolais de l’Enseignement Supérieur suite à une analyse du secteur agricole congolais, a été lancé le 30 juillet dernier à la cité scientifique de Brazzaville, ex-Orstom. C’est à la fois un enjeu de souveraineté alimentaire mais également industrielle pour créer sur notre territoire des emplois et des débouchés. Un lieu devenu incontournable de la capitale, à visiter pour admirer cette parcelle expérimentale agricole intelligente de 1 000 m², dédiée à la recherche agronomique et équipée de technologies innovantes notamment, une application Android pour le contrôle des jardins, l’identification des plantes et le diagnostic des maladies des cultures, ainsi qu’une application pour le contrôle anti-intrusion et l’arrosage des cultures. Et l’administrateur du site d’informations en ligne, Les Echos du Congo-Brazzaville, Marcel Mouandza, en séjour au Congo (sur la photo à droite), n’a pas dérogé à la règle, sous le regard admirateur de Patrick Obel Okeli, directeur général de l’Anvri.
«C’était très impressionnant, plus encore que ce à quoi je m’attendais. Sur les sillons de six mètres, bien espacés, les plants, des légumes essentiellement, sont arrosés à partir d’une application, pour réduire le travail de l’homme. J’ai eu des étoiles dans les yeux, et je remercie vivement M. Patrick Obel Okeli, directeur général de l’Anvri pour cette visite guidée de cette serre automatique et intelligente », nous a confié l’administrateur du site d’informations en ligne, Les Echos du Congo-Brazzaville, Marcel Mouandza.
« Le dérèglement climatique nous force à innover dans les domaines du maraîchage, des polycultures et de l’arboriculture fruitière. Et pour accélérer le développement de l’innovation agricole dans notre pays, ce projet commun doit être partagé par tous afin de booster le secteur agricole au Congo-Brazzaville », a-t-il ajouté.
« Vivement, que ce projet offre aux étudiants, aux élèves et aux passionnés du secteur agricole, l’opportunité d’apprendre les techniques de pointe pour dynamiser l’agriculture dans le pays », a conclu M. Marcel Mouandza à l’issue de sa visite pédagogique.
En lançant sa campagne électorale pour la présidentielle le 5 mars 2021, le candidat Denis Sassou-N’Guesso, devant une grappe de militants rassemblée au rond-point Lumumba dans le 1er arrondissement en plein cœur de Pointe-Noire, avait promis faire la promotion de l’agriculture à l’échelle nationale en revenant et en insistant sur la dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur en matière de denrées alimentaires qui devra être corrigée car le Congo importe chaque année plus de 700 milliards C.F.A de produits alimentaires.
Au Congo-Brazzaville, la rente pétrolière a tendance à baisser. Dans ce contexte, Denis Sassou-N’Guesso entend faire passer le message de la diversification de l’économie pour sortir du tout-pétrole.
L’agriculture pourrait être une solution idoine, mais ce secteur a été délaissé pendant des années et le pays importe plus de la moitié de l’alimentation de ses habitants.
Quelle incongruité que de faire ses emplettes dans les grandes enseignes du Congo-Brazzaville sans les produits du terroir.
Pourquoi les rayons sont-ils encore dépourvus des aliments made in Congo ? Très belle question pour parler comme l’autre.
On retrouve à foison la bouffe qui vient de loin, de très loin même. Sur les étals des commerçants, les fruits et légumes sont pour la plupart importés de l’étranger, “même les safous”, pour paraphraser le Président congolais, Denis Sassou-N’Guesso lors de ses différents meetings de campagne électorale en mars 2021.
Et pourtant les conditions climatiques sont très favorables au développement de l’activité agricole au Congo. Le climat chaud et humide où alternent saisons sèches et saisons des pluies offre au pays un fort potentiel agricole.
Mais l’agriculture congolaise est encore de type traditionnel, avec des moyens de production peu performants.
Aujourd’hui, au Congo, 70% des actifs agricoles ou les producteurs sont représentés par des femmes.
Pour inverser cette tendance afin d’accroitre la production locale et tendre vers l’autosuffisance alimentaire, l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et de l’innovation (Anvri) propose des solutions basées sur les nouvelles technologies à travers le projet Agritech.
Un projet fédérateur et à très forte vocation pédagogique « Agritech », qui vient donc pour promouvoir la culture scientifique et éveiller l’intérêt des jeunes pour ce domaine. Il soutient également la recherche et le développement, offre un accompagnement technico-économique et juridique aux porteurs de projets innovants, et forme les jeunes dans la conception et la mise en œuvre de solutions technologiques agricoles.
Mais ce projet « Agritech » veut aller plus loin. Et mettre à contribution les nouvelles technologies dans cette recherche de productivité. L’Anvri a développé une application — qui n’a pas encore été baptisée — et qui permet par exemple d’analyser précisément le comportement des sols.
Le Congo-Brazzaville dispose de 10 millions de terres arables. À peine 3% sont officiellement exploitées. Mais ses importations de denrées alimentaires sont estimées officiellement à 700 milliards de francs CFA par an.
Dopons notre agriculture. C’est une véritable mine d’emplois de nature à atténuer cette déferlante qu’est le chômage. C’est aussi un véritable atout en ces temps de diversification de l’économie nationale.
C’est une question de souveraineté. D’indépendance. D’orgueil national et de lutte contre la vie chère.
Et comme le disait le Président Marien Ngouabi dans les années 70 : « citadins et paysans, la main dans la main, transformons nos campagnes, en de cités rurales agréables pour tous ».
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville